Entre Utopie et Realisme

Une voie s'ouvre...

La démocratisation de l'informatique et la prolifération des technologies à la surface du globe ont permis un accès sans précédent à des ressources qui jusqu'alors étaient conservées par les musées ou les centres spécialisés, les conservatoires et nombre de grandes institutions. Et comme certains le remarquent si bien à propos de l'information: "plus on la consomme, plus elle abonde. Plus on la stocke, plus elle circule. Plus on la distribue, plus elle afflue".

Dans ce large mouvement humain et contemporain la culture populaire s'érige comme l'égale de la culture savante, en enrichissant celle-ci qui tend aujourd'hui à y trouver des ressources pour se renouveler. Ce phénomène relativement nouveau, né avec l'ère des médias de masse (d'abord la radio puis l'audiovisuel, aujourd'hui l'internet et ses réseaux) se poursuit avec une force sans pareil car il semble lié à la capacité grandissante de la circulation de l'information et la contribution individuelle à ce flux ininterruptible. L'humanité ayant enfin parfaitement accès à l'ensemble du patrimoine humain - sciences, techniques, arts, savoirs et théories - les expériences se multiplient, s'échangent et s'enrichissent les unes des autres de façon exponentielle.

Autour de cet accès au savoir émergent des modèles de coopération particulièrement riches de perspectives pour les quartiers et de façon plus idéaliste, pour la société. Les réseaux sociaux et leurs fonctionnements confirment un mode de collaboration allant de pair avec création collective et transversalité des approches. Des idées, des créations, des concepts innovants en émergent. L'utilité pour la communauté en est enrichie. Des collaborations fusent des quatres coins de la planète et les grandes industries comme les plus petites initiatives se ressourcent auprès des foules, du peuple, de l'individu ... Les notions de communautés d'intérêts (crowd-founding, crowd- sourcing, open source) font appel à cette force collective coordonnée. Les termes: tiers-lieux, co-working, hackerspace, médialab ou laboratoire d'expérience sont parmi les déclinaisons de ces formats collaboratifs qui se développent dans des lieux qui ne sont ni réellement publics, ni vraiment privés, mais qui ont en commun de fonder leurs analyses et leurs actions dans une vision axée sur l'intelligence collective. Le brassage de points de vue, de sensibilités, de compétences et profils variés, constitue un terreau propice à l'imagination et, en outre, valorise les personnes, dynamise les quartiers, contribue à une nouvelle organisation de la cité, désormais centrée sur l'humain.

Humanisme, ouverture sur le monde et sur le partage, mise en valeur des qualités individuelles et de la compétence collective, tout ceci contribue à métamorphoser les rêves et les utopies des peuples, en perspectives, en possibles, en réalisations tangibles.

En somme, lʼutopie est une représentation d'une réalité idéale gouvernée par un régime politique sans défauts, le tout constituant une société parfaite composée d'individus vivant heureux et en harmonie. Cette représentation émane de la volonté de dénoncer les injustices et dérives de notre temps, tout en donnant à visualiser le chemin qu'il reste à parcourir ...

L'idée de l'utopie émane initialement d'une conception qui fait remonter à "La République" de Platon, faisant ainsi de lui le premier grand idéaliste et donc utopiste occidental. Dans cet ouvrage de référence, Platon traite de l'Individu, de l'Etat, de la Constitution et de ce que devrait être une cité organisée de façon idéale. Par extension, le concept d'utopie peut-être vu positivement: une réalité idéalisée, sorte de graal ou de point focal pour nos saluts, ou bien négativement: une réalité difficilement accessible, voire irréalisable ou irrationnel.

Dans les deux cas les utopies sont révélatrices de la force du symbole et ses influences dans les perspectives que se donnent nos sociétés. Et c'est à cette heure de maturation des technologies de l'information et de la communication - l'ère du numérique - que ces utopies d'autrefois, devenues symboles imagés et aujourd'hui réalités tangibles, se révèlent pleinement.

Quelles sont ces imaginaires d'autrefois sur le point d'être aujourd'hui des réalités, en quoi les technologies numériques en sont le vecteur principal et comment? C'est par des initiatives concrètes et engagées que la SMAC les Abattoirs, qui fait partie de ces lieux guidés par des convictions humanistes fortes et vigoureuses, démontre son engagement et apporte des réponses. Et c'est avec cette énergie et autour de cette réflexion que l'équipe de la Smac associée à la compagnie CreArtCom présentent la neuvième édition du festival de musiques électroniques et d'arts numériques Electrochoc 9, autour du thème des Utopies.

Les Abattoirs

http://www.lesabattoirs.fr/

Depuis 2008, les Abattoirs est un lieu public labélisé "Scène de Musiques Actuelles". Les Abattoirs reçoivent en réalité depuis delà plus de 9 ans les créations originales d'artistes investissant la musique, le spectacle et les technologies et apparaissent comme incontournables pour quiconque s'intéresse aux musiques et aux arts d'aujourd'hui en région Rhône-Alpes.

L'objectif de la Smac les Abattoirs est de rayonner à travers un projet culturel qualitatif qui favorise lʼaccès à un champ élargi des pratiques artistiques et culturelles. Malgré la proximité avec Lyon et Grenoble, Bourgoin-Jallieu conserve un caractère rural et le public reste éloigné des préoccupations culturelles des jeunes. D'où une offre élargie et un large panel d'activités culturelles tant sur le plan de la programmation artistique, que sur la formation professionnelle et les pratiques amateurs et ceci tourné vers le plus grand nombre.

La mise en place de la Smac par la ville de Bourgoin tient compte de cette réalité, avec la volonté d'un accompagnement qui a duré les six années nécessaires à la réalisation de la structure.

Aujourd'hui La Smac Les Abattoirs, c'est :


•Une structure de 800 M2

•Deux Studios de répétition, qui accueillent 40 groupes / 200 musiciens par semaine

•Un centre de ressources

•Une salle de 593 places, qui diffuse 50 concerts par saison, dont 120 groupes programmés

•Un dispositif d'accompagnement : TRANS'ABATTOIRS

•15 résidences d'artistes par saison

•Un festival de musiques électroniques et arts numériques

•Plus de 10 000 spectateurs par saison

•Plus de 1300 élèves touchés par les actions de sensibilisation

•Plus de 9 permanents et 20 intermittents du spectacle


Depuis 1999, plus de 600 ont été programmés, tant régionaux, nationaux que internationaux. Plus de 78 000 spectateurs ont été accueillis.

http://www.creartcom.eu

CreArtCom est à la fois une compagnie artistique et un studio de création dont l'activité s'articule autour de quatre missions: le développement d'un pôle cultures- technologies-alternatives situé dans le premier arrondissement de Lyon, la direction artistique des arts numériques pour le festival Electrochoc, l'éducation au sens large (enseignement, professionnalisation, sensibilisation).

Mais avant tout, CreArtCom est un studio qui conçoit et produit des scénographies proposant des relations esthétiques, corporelles et symboliques aux technologies de l'image, du son, de la lumière et de la matière. Le studio propose un répertoire d'oeuvres originales autour du geste, du mouvement, du jeu. Lʼéquipe développe des projets focalisés sur l'humain et l'expression de soi.

Ces projets ont pour objectif de placer le public au centre des questions de son environnement, de son identité et de sa corporalité par les biais des technologies interactives et de leur appropriation.

Situé au coeur de la dynamique régionale des arts et cultures numériques, CreArtCom se distingue par le sens donné à son action, la qualité de son oeuvre et la créativité de son équipe.

Le Festival

http://www.electrochoc-festival.com/

Electrochoc 8 - Festival des arts numériques par CreArtCom on Vimeo.

Grâce à son édition précédente (Electrochoc 8) intitulée "Rendez-Vous en Territoires Infinis", l'équipe de la Smac associée à celle de CreArtCom a su faire la preuve d'une vraie maturité. L'édition 8, avec sa thématique porteuse de sens et de symbole, sa programmation audacieuse constituée d'oeuvres et d'artistes hors du commun, a su démontrer que les enfants et les habitants d'un territoires semi-rural sont largement capable d'aller à la rencontre d'un festival de haut vol culturel, leur proposant une programmation arts numériques d'avant-garde, afin de s'y exalter et de s'y ressourcer.

Le bâtiment de la Halle Grenette au centre de Bourgoin-Jallieu sʼest avéré être un parfait réceptacle de la programmation arts numériques. Métamorphosée en caverne magique des temps modernes, à mi-chemin entre plateau de cinéma de science fiction et exposition d'art numérique, la Halle Grenette a accueilli les objets technologiques de plusieurs artistes internationaux dans un parcours ponctué chaque jour par une performance nouvelle. Le programme fut résolument novateur. Il le sera à nouveau en avril 2014.


Quelques chiffres


•1829 visiteurs (globalement)

•146 visiteurs pour les ateliers

•1123 visiteurs à lʼexposition

Aujourd'hui le festival est bel et bien mûr et vit bien au delà du Nord Isère, grâce notamment à des partenaires médias qui rendent hommage à cette équipe technique performante, à une communication parfaitement originale et une direction générale et artistique sans concessions.

La volonté du festival est de dépasser les codes habituels et d'appréhender autrement les arts et le spectacle. Sans limites de styles ou de disciplines, avec comme seul mot d'ordre l'inventivité, la créativité, la transversalité lorsqu'elle s'impose.

Cette année le thème choisi est celui des utopies. La cité idéale est une incarnation intellectuelle et matérielle de l'utopie, c'est une conception urbanistique qui vise la perfection architecturale et humaine. Elle aspire à bâtir et à faire vivre en harmonie une organisation sociale singulière basée sur certains préceptes politiques et moraux et sur la possibilité qu'il est donné aux citoyen de contribuer à cette vision.

Projet d'exposition : La cité qui bouge

Avec le développement fulgurant des TIC, la qualité de la vie citadine devient un enjeu politique majeur. L'histoire est en route. De nouvelles donnes sont lancées: la mobilité, l'échange, l'accès à tous à l'art et à la culture ont une place de plus en plus importante pour les habitants, pour la jeunesse, pour la cité.

On voit émerger une véritable société de la connaissance qui tisse de nouveaux réseaux et liens sociaux, diminue virtuellement la distance, favorise les projets collaboratifs, stimule la créativité, l'innovation et le développement économique et culturel.

Plusieurs grandes initiatives témoignent de ces métamorphoses et ces prises de conscience. Le grand plan gouvernemental et européen pour le développement des nouvelles technologies relayé par les pouvoirs locaux vient corréler ces préoccupations.

Cette révolution de notre rapport à notre environnement et aux autres est une révolution de notre rapport à l'échange, à l'accès à connaissance, au temps et à l'espace. De plus, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité le matériel nécessaire pour produire et diffuser massivement de l'information est entre les mains du grand public.

Lʼexposition que nous envisageons de réaliser pour Electrochoc est intitulée “La cité qui bouge”. Ce titre est un jeu de mots ou plutôt un jeu de sens: ton quartier, ta cité est un lieu vivant (“ça bouge”).

Cette exposition immersive prendra place au RDC de la Halle Grenette: des écrans larges avec vidéoprojection présenteront au public des installations interactives et des visions de cités imaginaires.

Ces oeuvres seront vidéoprojetées sur des écrans de toile selon les techniques de vidéomapping, du graphisme et de l'imagerie numérique. Des procédés de synthèse et de transformation vidéo donneront vie aux flux de la cité. Ces visuels ne sont pas préenregistrés: leur animation est interactive, le public est donc en mesure d'interagir avec les oeuvres.

Cette multitude de jeux visuels interactifs rendent hommage au public, aux habitants de Bourgoin-Jallieu et d'ailleurs, dans une atmosphère onirique qui propose une perspective esthétique et utopique aux ambitions du territoire.

Davantage de réflexion sur la notion d'utopie:

http://www.cdu.urbanisme.equipement.gouv.fr

Performances et Installations

C'est dans cette idée simple et pleine de promesse que la programmation numérique du festival se dessine: utopies humaines et technologies, démocratisation des arts et nouveaux formats, expression populaire, innovation, appropriation, exploration de l'imaginaire et passerelles vers le réel. Ce sont également ces champs que les artistes invités pour cette 9ème édition, présenterons au public d'Electrochoc les installations qui suivent.

Benjamin Muzzin "Full Turn"

Ce projet a voulu explore la notion de la troisième dimension, avec le désir d'essayer de sortir du cadre habituel d'un écran plat. Pour cela, le travail a consisté principalement à explorer et à expérimenter un autre appareil pour afficher des images, en essayant de donner des animations volumétrique dans l'espace. Le fonctionnement de la machine résulte de la rotation de deux écrans placés dos à dos, créant une séquence d'animation en trois dimensions que l'on peut voir à 360 degrés. En raison de la persistance de la vision, les formes qui apparaissent à l'écran se transforment en sculptures lumino-cinétique.

Lungplant - de TIM VAN CROMVOIRT (NL)

Le Lungplant est une sculpture cinétique et illuminée, constituée de différentes éléments sphériques tels des «poumons» qui inspirent et expirent l'air, inhalent et exhalent «organes dans un mouvement très naturel et dans un cycle continu. L'installation explore les symbioses entre l'organisme (artificiel) et le spectateur (organique), le mouvement apaisant de la respiration de la Lungplant est très relaxant et peut influencer votre propre rythme de respiration quand vous passez du temps autour d'elle. A chaque cycle de respiration une petite lumière à l'intérieur d'un poumon s'éclaire et la structure fibreuse fine devient visible.

An Instrument for the Sonification of Everyday Things/Denis P.Paul

Voici un "instrument de musique sérieuse" qui fait tourner les "choses de tous les jours", scanne leurs surfaces, et les transforme en fréquences audibles. Une variété d'objets de tous les jours peuvent être montées dans l'appareil. Leurs silhouettes définissent des boucles, des mélodies et des rythmes. Ainsi les choses banales sont réinterprétés comme une notation musicale. Jouer de cet instrument consiste en un mélange de pratique, d'anticipation, et de sérendipité.

CORONADO - Kian-Peng Ong (aka Bin) (Singapore)

Coronado est une installation sonore à six canaux. Inspiré par une visite à la plage de Coronado, le travail est une interprétation numérique de l'ambiance sonore spatiale que j'ai vécu là-bas. Cette installation est caractérisée par la réverbération et le rebond des ondes sonores et la plus clapotis de convertisseur nalogique / numérique sonore, formant une interprétation unique de l'ambiance sonore réelle.

Creartcom "Textographe"

Le Textographe est une installation participative qui consiste afficher les sms envoyé par le public sur une grande toile de projection avec d'extraordinaires animation des textes. L'objectif est de créer une oeuvre fondée sur la démocratisation de l'expression populaire, et la participation ouverte autour du thème de l'utopie.

Homos Luminosos - Roseline de Thelin

Roseline travaille avec la lumière comme médium et comme sujet de plus de 15 ans . Elle crée des sculptures lumineuses et installations lumineuses qui jouent avec la épiphénomènes de la lumière : réflexion, réfraction , la fragmentation , la conduction et de transparence. La fibre optique, symbole des possibilités infinies menées par les photons, est devenu son médium principal . Elle trouve l'inspiration dans l'astronomie, les théories scientifiques, la physique quantique et l' expansion de la conscience. Elle crée des êtres éthérés holographiques, les " Homos Luminosos " ("êtres lumineux" en latin). Des formes organiques tels que spirales, vagues et multitudes de points de lumière tourbillonnent sur des centaines de fibres optiques.

DERIVE - François Quévillon

L'installation invite à explorer des reconstitutions de lieux qui se transforment en fonction de données environnementales captées sur le Web. Une interface de vision artificielle permet au public d'interagir avec des représentations dont l'apparence et le niveau de reconnaissance sont déterminés par des informations sur les phénomènes météorologiques et astronomiques ayant cours à ces différents endroits. Conjointement à leur visualisation, les données transmises par des capteurs environnementaux distants sont traduites en signaux acoustiques.

EXTRAPOLIS - Theoriz Crew

Extrapolis est une installation interactive utilisant la technique du dessin augmenté. En collaboration avec BKYC, Théoriz Crew explore les possibilités offertes par le mélange « extraintéressant » de la finesse du trait, de lʼanimation vidéo et de lʼintégration de lʼinteractivité avec le public. Brisant les frontières entre les différents supports de lʼimage, cette œuvre dʼart numérique plonge le spectateur dans une ville imaginaire en perpétuel mouvement.Lʼinstallation questionne le rapport entre la ville et ses habitants en mettant en scène le citadin, acteur de sa ville, dans le tableau. Extrapolis est inspiré par lʼunivers de la bande-dessinée et dʼœuvres numériques comme Cityscape 2095 dʼAntivj.

Credits

• auteur : Derrick Giscloux.

• coordination, administration : Lise Bousch, Kalash Agostini, Emma Durand

• graphisme et logos : Lorellart (Arthur Lorella)

• web design : Topuzogullari Sayat.

Ce document est une production du studio CreArtCom pour la Smac les Abattoirs. L'ensemble des textes et médias restent la propriété de leurs auteurs respectifs.

Retrouvez ce document en ligne: http://www.creartcom.eu

Contactez-nous: creartcom.studio@gmail.com